
« Nous avons constaté qu’en Afrique, il y avait plusieurs monnaies nationales, et qu’il y avait des difficultés dans le commerce. Vous avez un coût de change important et vous avez aussi des problèmes logistiques. Pour contribuer à résoudre ces problèmes, on pourrait imaginer d’utiliser une seule monnaie en particulier, ce qui contribuerait à l’intégration en facilitant les échanges entre les pays » a déclaré selon la RFI Daniel Ouedraogo qui est l’un des fondateurs de l’AFRO et docteur en économie de l’Université Paris-Dauphine.
Une crypto-monnaie aux perspectives panafricaines
Née en 2000 d’un projet initié par deux artistes, le sénégalais Mansour Ciss Kanakassy et le Canadien Baruch Gottlieb, la crypto-monnaie Afro ou Afro coin sera finalement lancée en 2017. Son but premier, devenir la monnaie d’échange de l’Afrique.
En 2018, ce sont pas moins de 750 milliards d’Afros qui ont été émis correspondant au PIB ainsi qu’à la masse monétaire du continent, représentant l’équivalent de 600 Afros par habitant.


La crypto-monnaie est actuellement abritée par une organisation non gouvernementale (ONG) qui porte le même nom. Selon ses concepteurs, cette crypto-monnaie aux perspectives panafricaines ambitionne d’accompagner le développement du continent africain. Ainsi, la fondation a choisi d’établir son siège à Genève en Suisse, car le pays est historiquement reconnu pour sa neutralité et ses traditions bancaires.
“Selon la loi suisse, une fondation ne peut réaliser aucun profit et doit servir un objectif précis pour lequel elle a été créée : contribuer au développement économique et sociétal de l’Afrique”.

Une monnaie virtuelle engagée
Par le biais de l’Afro, les fondateurs se sont donnés pour missions premières de réduire les coûts de transaction et de transfert de fonds entre les pays du continent africain. Faciliter l’inclusion des populations grâce à une plus grande accessibilité aux moyens financiers des particuliers et entreprises africaines. En 2018, ce sont plus de 80% des africains qui ne sont pas bancarisés, le pourcentage était à peu près équivalent quant à l’accessibilité des PME au crédit bancaire. L’autre vocation de la crypto monnaie porte sur la création d’une union monétaire africaine qui favoriserait l’accélération des échanges intra-africains.

La monnaie virtuelle porte également une dimension écologique car contrairement au Bitcoin elle consommerait moins d’énergie grâce à une approche 100% Proof of stake (Preuve d’enjeu) qui est une méthode qui permet de “sécuriser une blockchain en fournissant les bonnes incitations économiques pour pousser à une validation honnête des transactions”. Contrairement à la méthode Proof of work (Preuve de travail) utilisée par le Bitcoin, le Proof of stake ne nécessite pas de faire tourner de grosses machines énergivores. Il suffit de posséder des unités de crypto-monnaies et de les bloquer, pour ensuite être tiré au sort.
À l’avenir
La fondation Afro s’appuie actuellement sur un Comité des fondateurs regroupant des experts, des personnalités africaines et internationales destinés à accompagner au développement économique et sociétal du continent. À l’avenir, la fondation voudrait élargir ses représentants provenant de divers secteurs politiques, économiques, financiers, digital, culturel, universitaire, institutionnel, ou encore de la société civile.

